Interrogations sur les guerres

Combien, mon père, en avais-tu tué des allemands pendant cette guerre de 1914, je ne saurais jamais mais je suis sûre de ta secrète horreur pour cette boucherie, de cette tuerie dont je n'ai jamais pu justifier les raisons. Mon fils m'avait expliqué, je n'ai rien voulu retenir ...
Combien, toi le frère de mon père, en avais tu tué des ennemis.... pendant cette guerre de 1939 que j'ai pu justifier, que j'ai pu admettre car que serions nous devenus dans un pays nazi. Mais lui, qui est revenu de la guerre un peu fou, lui l'ami des animaux et des végétaux, il n'avait pas pu supporter la barbarie et à soixante dix ans, il mimait encore la guerre avec l'incapacité de mettre des mots sur tout ce qu'il avait subi.
Combien vous, les jeunes de ma génération, en avez vous tués, déportés, torturés. Je vous ai vus à la télévision dénonçant cette guerre évitable, je vous ai vus pour la première fois n'osant pas prononcer le mot de torture. Mais vous aussi, vous étiez pour certains torturés par la peur d'être tué par ceux qui savaient pourquoi ils faisaient la guerre. Cette peur et cette nécessité de tuer avant d'être tué, certains en ont parlé à demi-mot.
Cinquante ans de silence, c'est trop, il faut mettre des mots sur tous ces maux, mettre des mots sur les deux rives de la Méditerranée.

Et je parlerai encore ; pourquoi cette guerre entre Israël et les palestiniens nous touche tant, est-ce parce qu'elle est une guerre d'indépendance ? une guerre de plus de soixante ans !

Le printemps est là de partout avec toutes ses fleurs dont celles si délicates et si douces du prunus. Et pourtant, je les vois guère car je suis inquiète à cause de la violence dormante des cités, à cause des sentiments d'abandon des jeunes sans emploi.