Près du feu

Assise devant le poële, je retourne à l'enfance heureuse où le fourneau était le centre de mes préoccupations.
Mon père se levait de bonne heure et son premier travail était d'allumer le fourneau et quand beaucoup plus tard ma mère et nous les enfants on se levait, la maison était tiède et on pouvait chauffer le café au lait.
Le soir des journées neigeuses ou pluvieuses, les chaussures et les chaussettes toutes mouillées, il faisait si bon de se réchauffer à sa douce chaleur.
Près du feu, je pense à mes parents morts avant d'avoir connu la vieillesse mais peut-être étaient-ils vieux avant soixante ans.
Mon plaisir était d'ouvrir le fourneau et de regarder sa douce flamme : bois de châtaignier, de fayard et parfois de chêne bien séchés.
Le même bruit que dans le passé quand la bûche s'effondre n'ayant plus de point d'appui et alors le feu se ranime car elle brûle maintenant de tous côtés.
La cendre et la braise font bon ménage, la première n'étouffe point ces braises rougeoyantes. Il pétille, il fait du bruit comme une respiration, un léger souffle.
( Il a bien installé ces tuyaux, je n'aurais jamais su faire, il a fallu scier un raccord.)
Je suis bien, j'ai presque trop chaud avec le tirage au minimum.
Je rêve d'une flamme bleue mais peut-être ça n'existe pas !
Celle là est orange, rouge et elle danse, elle danse comme la vie pendant que le bois encore tombé se consume doucement !