Corps irritable

Chiche ! je continue, oser continuer les collages, oser continuer l'écriture malgré le tonus en baisse et le corps qui rechigne.
Quand même il ne va pas chicaner encore, assez de contestations de sa part, de quel droit il ne trouve pas bien, pas bon.
Il est bien chez lui, il ne veut pas partir au bord de la mer, il craint le froid et le chaud ; on verra bien ce qu'il va choisir !
Corps incertain, il dit qu'il est fatigué, que c'est lui la cheville ouvrière, que c'est trop ce travail qu'il se donne, que ça colle mal, que les papiers sont écornés, en mauvais état avec quelques chiures, salis par le pastel encore après dix ans qu'il faudrait fixer avec le pulvérisateur. Il ne touchera pas à l'enfant, ce visage fragile incollable, qu'elle le donne à un professionnel si elle veut.
Heureusement bientôt il ne restera que des bouts de papier en couleur, va-t-elle le faire travailler encore et puis elle a acheté des supports en mousse, ce n'est pas du carton, ça ne fera pas et celui-ci n'est pas assez épais, ça se déforme, ça gondole !
Il préférerait les gondoles de Venise, des vacances il en a besoin, il préférerait la montagne c'est plus tranquille ou bien le bord d'un lac.
Partir à quatre, plus le bébé, ça panique, peut-être il ne pourra pas et pourtant c'est plus intéressant que de partir en solitaire ; corps capricieux, il attendra un peu. Il a fini de chipoter mais il n'a jamais fini de courir après les chimères.
Il a raison, sans chimères, sans utopies, sans rêves, il n'existe plus et ne peut pas rejoindre la réalité !